Technique alternative
Dernière mise à jour le 12 août 2024
L’éco-pâturage des vignes est une pratique vertueuse pour l’éleveur et le viticulteur dès lors que les modalités sont explicites avant la mise en place du troupeau. Pour l’expliquer, la Chambre d’agriculture de la Marne organise une formation qui lie théorie et observations sur le terrain.
« L’éco-pâturage consiste à gérer l’enherbement des vignes pendant la période hivernale, indique Céline Lefèvre Jolibois, conseillère viticole bio à la Chambre d’agriculture de la Marne. Au début du printemps, l’herbe étant rasée et le sol bien dégagé, il est possible de décaler le premier passage du travail du sol. » Cette pratique écologique attise de plus en plus les convoitises.
Cependant, elle ne s’improvise pas et nécessite une entente préalable entre l’éleveur et le viticulteur sur la faisabilité et les modalités de gestion du troupeau (surveillance, clôtures, etc.).
De l’écologie et du lien
Eleveur de 350 brebis dans l’Aisne, Aurélien Eouzan pratique l’éco-pâturage depuis plusieurs années. « J’ai choisi un système de production en plein air, explique-t-il. Le troupeau pâture dans les vignes l’hiver et en ville l’été, notamment à Epernay. Le reste du temps, mes brebis broutent mes propres pâtures et disposent ainsi, toute l’année, d’une alimentation variée qui assure leur bonne performance. »
Pour la gestion de l’éco-pâturage dans les parcelles les plus éloignées, Aurélien Eouzan propose une prestation de service payante clé en main (pose et dépose des clôtures, surveillance, etc.). A noter, « pour les viticulteurs à proximité de mon exploitation avec qui je me suis lancé dans cette activité, je ne demande aucune contrepartie financière, juste qu’ils contribuent à la gestion des clôtures ». Ainsi il optimise son temps.
Généralement un lot de 30 brebis suffit à couvrir 20 à 50 ares de vignes sur une période de trois à quatre jours sans risque de concurrence alimentaire.
Au printemps, la parcelle est propre y compris sous le rang de vigne, les brebis accédant à l’herbe sans piétiner. « Ainsi, la reprise du sol est plus facile et peut être décalée, prévient l’éleveur. Certains viticulteurs m’ont même rapporté ne plus travailler le sol après la vendange grâce à la gestion de l’enherbement par le pâturage. »
L’éleveur constate que cette pratique suscite la curiosité et crée du lien. « Nous vivons une cassure entre le monde rural et urbain, constate-t-il. La présence des animaux dans les parcelles interroge les passants. Nous échangeons avec eux sur les intérêts de cette pratique. Elle favorise l’image de l’élevage, souvent décrié. »
Julie Guichon
« Le concept de l’éco-pâturage repose sur un partenariat gagnant-gagnant entre l’éleveur et le viticulteur en lien avec un calendrier et une durée de pâturage, la compatibilité de l’itinéraire technique de la vigne avec l’élevage, etc. » Théo Guffroy, conseiller ovins à la Chambre d’agriculture de l’Aisne.