Changement climatique, quel avenir pour la Champagne ?

Il ne fait aujourd’hui aucun doute que les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont fortement progressé au cours du siècle passé et que ceux-ci sont responsables de ce que l’on appelle le changement climatique. En France, cela se traduit par une hausse moyenne des températures de l’ordre de 0,3°C par décennie depuis les années 1960. Les modèles, bien qu’imparfaits, nous permettent d’imaginer ce que sera notre climat d’ici la fin du XXIème siècle.

L’étude « Changement climatique et agriculture au XXIème siècle » (ClimA XXI) vise à calculer, pour un lieu donné, un ensemble d’indicateurs climatiques et agro-climatiques.

Les projections sont issues du modèle ALADIN (Météo France) selon un scénario du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) dit « réaliste » (A1B) qui postule une croissance économique très rapide et une utilisation partagée de plusieurs sources énergétiques (fossiles et renouvelables). L’étude réalisée par des étudiants d’UniLaSalle, en partenariat avec la Chambre d’agriculture, compare 3 périodes :

• les années 1970 (1961-1990),
• les années 2030 (2021-2050)
• les années 2080 (2071-2100).

Il s’agit bien sûr de données modélisées et non pas des prévisions, mais cela permet de se projeter et peut-être anticiper certaines décisions.

3 Sites ont étés étudiés dans la Marne :

• Epernay,
• Nogent l’Abbesse
• Savigny-sur-Ardres.

Premier constat, quel que soit le lieu, les tendances sont les mêmes. A Epernay, la température moyenne annuelle devrait gagner 2,7°C entre les années 1970 et 2080. Sur la même période, on devrait perdre environ 25 jours de gel par an. Les gelées de printemps se feront aussi plus rares sans toutefois disparaître, d’autant plus que le débourrement sera de plus en plus précoce. Autre indicateur marquant, à la fin de ce siècle, l’été le plus chaud devrait voir ses températures maximales journalières dépasser 32°C 2 jours sur 3 pendant les mois de juillet et août.

Moyenne annuelle des températures moyennes journalières à Epernay

Du côté des précipitations, il ne se dégage aucune tendance significative sur le cumul annuel, ni à la hausse, ni à la baisse. En revanche, si on regarde les cumuls mensuels, on constate une légère augmentation des pluies en hiver (décembre à février) et surtout une baisse marquée sur les mois de juillet, août et septembre. Les besoins en eau de la vigne en été sont relativement limités en particulier dans nos sous-sols crayeux de Champagne, toutefois l’évapotranspiration devrait fortement augmenter. Des adaptations de pratiques seront sans doute à prévoir, en particulier dans les sols les plus sensibles.

Médianes trentenaires du cumul mensuel des précipitations à Savigny-sur-Ardres

Pour résumer, la Champagne pourrait évoluer à la fin de ce siècle dans le climat bordelais de la fin du XXème siècle (selon l’indice de Winkler). Pour continuer la production de champagne, certaines pratiques devront évoluer. Les effets du changement climatique se font déjà sentir, cette année 2018 en est la parfaite illustration et une bonne occasion de s’y préparer. C’est aussi une petite piqûre de rappel pour réduire nos émissions de GES, le scénario n’est pas encore totalement écrit !

> Téléchargez l'étude « Changement climatique et agriculture au XXIème siècle » (ClimA XXI)

Pour plus d'informations sur cette étude:
Thomas MINEUR - Tél.03.2677.36.50